Asianbiketour

Bang Saeng, Chonburi, c'est ici que notre raid cycliste prend fin. Après 6 semaines de rando à travers la Thaïlande, le Laos et le Cambodge, nous délaissons aujourd'hui  nos vélos pour rentrer en van à Bangkok. En effet, nous n'avons aucune envie de nous confronter au défi de la circulation de la capitale. Nous en avons eu hier un aperçu depuis Pattaya où nous avons dû rouler sur une route à 3 voies dans chaque sens, route elle-même parallèle à une autoroute ! Inintéressant, moche et assourdissant! Hier départ de Pattaya, ville étonnante  pour le moins, en tout cas pas attachante du tout. Une partie, Jomtien, est habitée principalement par des retraités européens dans d'immenses immeubles qui n'ont rien à envier à Marina Baie des Anges. Interviewés, ils déclinent tous la même motivation : le climat, la mer, le coût de la vie peu élevé. Leur vie sociale se limite à la fréquentation des autres expats. C'est une conception de la vie....L'autre partie, Pattaya même, avait jadis des airs de paradis avec ses longues plages, jusqu'au moment où les soldats américains, dans les années 70, pendant la guerre du Vietnam, y jetèrent leur dévolu, Pattaya est alors devenue la ville du repos du guerrier à réputation sulfureuse. Aujourd'hui, elle est dune grosse station balnéaire sans âme! (c'est mon sentiment).

Dès le départ, nous avons été frappés par deux choses, la plupart des gens étaient vêtus de jaune et presque tout était fermé. Renseignement pris, hier était un jour férié, jour anniversaire de la naissance du roi Rama IX,  très vénéré, décédé en 2016, père du roi actuel Rama X, milliardaire extravagant vivant une grànde partie de l'année en Allemagne. Pourquoi le jaune ? Parce qu'à chaque jour de la semaine est attribuée une couleur. Au lundi, c'est le jaune, couleur du dieu Chandra, la Lune et c'est précisément un lundi que Rama IX est né. Le 5 décembre est aussi la fête des pères, un hasard que cette coïncidence de dates ? Arrivés en fin d'après-midi  à Bang Saen,  nous avons pu effectivement constater que c'était un jour de fête : sur des km en front de mer,  impossible d'apercevoir la grande bleue masquée par des milliers de parasols. En-dessous, une foule immense de thaïlandais mangeant  buvant, discutant, somnolant, et la nuit tombée, déchaînement de musique.T

out cela pour finir en beauté notre périple. Et dans deux jours, Odile arrive  ! Chouette !

Nous ne pouvions quand même pas nous éterniser sur l'île de Ko Samet, trois jours de repos, c'est bien suffisant, alors, nous avons regagné la côte à toute allure, en speed boat ! Et puis, ce furent des belles plages désertes s'étendant à l'infini le long de notre route, quelques temples étincelants, avant de nous retrouver dans un monde totalement différent, une suite ininterrompue  d'usines pétrochimiques et de raffineries, on se serait cru autour de l'étang de Berre,

un contraste étourdissant, un démenti cinglant aux clichés classant la Thaïlande comme un pays uniquement de plages et cocotiers. 

Nous pensions nous reposer sur cette île, eh bien, pas aujourd'hui, demain sans doute. En effet  avons eu du mal à  nous séparer de nos vélos et voulions les utiliser pour parcourir l'île. Mal nous a pris, nous avons dû grimper des côtes et des côtes à plus de 20% ! Véridique ! Après coup nous avons compris qu'ici aucun vélo ne circule sur cette île, seuls des scooters. Sinon, je confirme, ce n'est pas le type d'endroit que je cherchais pour étancher ma soif d'aventure. Ce n'est qu'alignement de boutiques, restos et bars, ce ne sont que des grosses vedettes au bord des plages dans lesquelles s'entassent des touristes pour faire un tour en mer ou contempler le coucher de soleil de plus loin. Et puis, j'ai dû mal à retrouver l'extrême gentillesse des Thaïlandais côtoyés ailleurs. Mais il y a nettement plus malheureux que nous !

Pour ne pas changer, nous avons  commencé la journée en enfour

chant nos vélos  mais pour seulement une trentaine de km, juste assez pour nous retrouver à l'embarcadère d'où partent les ferries à destination de l'île de Ko Samet. Quarante minutes plus tard, débarquement au milieu d'une foule de touristes, chinois, européens, australiens, russes qui promènent (c'est mon interprétation ) leur ennui dans l'unique rue du village, hélés par les rabatteurs des innombrables restaurants et boutiques de souvenirs. Ce n'est pas précisément ce que je recherchais, rien de comparable avec ce que nous avions vécu loin de cette kermesse. Et dire que nous avons réservé une location de trois jours afin de nous relaxer. Mais soyons positifs, il y a certainement de belles choses à  découvrir, alors, ouvrons l'oeil !

Cette fois, nous sommes au bord du golfe de Thaîlande, nous pensions trouver la quiétude, en effet pas de touristes, calme plat sur la plage, sur la route, bars et restos désertés,  mais voilà, juste à côté  de notre gîte, un orchestre se déchaîne depuis 2 heures ( il est 20h30), alors ça doit donner en haute saison  ! En tous cas, ce n'est pas à quoi nous aspirons. Retour sur la journée, encore une belle étape, émaillée par deux arrêts dans des temples bouddhistes et à chaque fois, un accueil spontané et naturel, avec bien sûr, une invitation à partager le repas, après les prières s'entend. Ce qui m'a toujours séduit, c'est de constater que la vie se poursuit naturellement dans ces endroits propices au recueillement. Les bonzes, sans interrompre leur récitatifs,  nous font un signe pour nous inciter à entrer, les adultes se lèvent pour nous offrir un siége, les enfants jouent au milieu, les femmes prient séparées des hommes, mais nous font des signes de bienvenue, d'autres préparent les boissons et le repas, tout en veillant à notre confort !  Ce qui frappe le plus, c'est l'esprit de communauté vivante. À part cela,  je vais vous infliger des couchers de soleil sur la mer, c'est kitsch, j'en conviens, mais après 4 semaines de vélo par une chaleur accablante, laissez moi vous faire partage ce plaisir. Au fait, l'orchestre continue à délivrer ses décibels, j'aime toute sorte de musique, mais j'aime aussi la choisir

Encore près de 100km dans les mollets,  cela ne nous semblait pas évident pendant la moitié du parcours, tant les côtes étaient ardues, mais par la suite, ce fut un régal, tout en descente, si bien que nous avons même pu atteindre les 62 km à l'heure avec nos vélos pourtant pas réputés pour la vitesse. Il ne faut pas toujours croire les guides, le Michelin présentait Chanthaburi comme une bourgade sans intérêt. Déjà  le trajet à vélo ne prêtait pas beaucoup à la photo. Je pensais rendre copie blanche ce soir. Eh bien non, Chanthaburi est une ville charmante, vivante, avec plein de surprises, comme le quartier chinois avec ses maisons en bois, ses boutiques et même quelques bistrots et restos branchés suspendus au- dessus d'une rivière, une cathédrales catholique, ....Et quel plaisir de renouer avec la cuisine thaïlandaise.

95 km à travers la campagne pour atteindre Pailin. Et demain, nous revenons en Thaïlande, direction la côte du golfe de Thaïlande. Nous avons pu savourer à nouveau  la quiétude de la campagne cambodgienne en roulant sur une longue piste longeant un filet d'eau appelé sur les cartes "canal", rizières, élevages de canards, de boeufs se sont enchaînés, parfois des temples de campagne se sont présentés, et puis l'un d'entre eux nous a attirés, bonne intuition, dans la monastère jouxtant ce temple, toute une assemblée était réunie autour de bonzes. En nous apercevant, le moine  supérieur  accourut pour nous inviter à nous joindre à eux, non sans avoir diffusé par hauts parleurs un chant récitatif. Quel accueil ! Aussitôt, la réunion fut interrompue, le couvert dressé et nous fûmes conviés à partager leur repas. La communication en anglais n'a pas été très fournie, mais quelle sérénité et bonté dans les regards ! Et puis, encore quelques dizaines de km accompagnés à tous moments de "hellos" joyeux et de sourires bienveillants. À ne pas comprendre pourquoi chez nous, gens vivant dans l'aisance, on tire si souvent la gueule !

Journée sans  vélo, où si peu. Nous nous sommes rendus en bateau à Battembang, une grosse barque pour délester Angkor de quelques  touristes et les emmener à plus de cent kilomètres en traversant un bout du lac Tonle  Sap puis suivre le cours de la rivière  Sangker. Inoubliable, toujours aussi beau et dérangeant en même temps. Bordée d'abord de villages flottants, certes ne vivant pas dans l'opulence, mais bien organisés  avec écoles, commerces, temples, églises, mosquées, entreprises de pêcherie, la rivière accueille ensuite sur ses rivages une population misérable qui s'abrite sous des plastics déchirés, des bâches  en lambeaux, avec pour seule re

source la pêche dans l'eau limoneuse, poissonneuse seulement en saison des pluies quand le niveau d'eau est élevé. Poignant spectacle ! Demain, nous reprenons nos vélos et notre autonomie, pas fâchés de nous extraire des essaims de touristes, beaucoup d'européens qui ne sont pas les plus chaleureux de tous les gens que nous avons rencontrés depuis le début.

Encore une journée visite du parc d'Angkor, cette fois en dehors du circuit court, le plus encombré par la foule de visiteurs. Intrépides, nous nous sommes lancés loin de la cohue et  nous en avons été récompensés au-delà de nos espérances. Nous avons été comblés par la beauté des sites  dans un

environnement majestueux de forêt dense, qui rappelle la jungle entourant Palenque au Mexique. Un moment, je dirais même des moments de grâce,  comme nous en avions éprouvés 3 ans plus tôt avec Odile. Dans l'ordre, nous avons vu : Preah Khan, Bantei Srei, la gracieuse connue aussi par la tentative de vol de bas reliefs par André Malraux, Neak Poan, sanctuaire s'élevant sur une île, Ta Som, East Melon et enfin Pré Rup au somment duquel on peut dominer du regard l'ensemble du parc.

Quel plaisir de redécouvrir, trois ans plus tard, le site d'Angkor ! Les lieux sont connus, presque familiers, nous les avions explorés pendant plusieurs jours, y revenir , c'est aussi désirer approfondir ce que nous avions vu, élargir nos visites à d'autres temples et sanctuaires non encore vus, et ils sont nombreux, ressentir la même émotion, le même émerveillement que précédemment devant ces splendeurs enfouies au coeur d'une forêt dense, revivre par les bas reliefs épopées et mythes khmers, être emporté par les danses des apsaras, ces nymphes célestes sculptées. C'est aussi s'y rendre avec la crainte que le souvenir ait embelli les choses ou qu'elles aient changé, invasion touristique débordante, perte de l'âme de l'ensemble des sites par un aménagement intempestif , que sais- je encore ? Et non, la foule n'a pas été vraiment envahissante, sauf à Angkor Wat, où il nous a fallu prendre patience face aux innombrables amateurs de selfies prenant des poses interminables à chaque pas. Nous avons aussi eu la chance d'étre emmenés par notre chauffeur de tuk tuk vers des sites oubliés par la foule. Au programme du jour, très dense : Ta Phrom, Ta Nei, Ta Keo, Chau Bay Devoda, la terrasse du roi lépreux, la terrasse des éléphants,  Baphuong, Bayon et pour finir Angkor What. Et demain, ça continue.